Le bacopa pour le cerveau vieillissant par Dre Tori Hudson, ND

Nootropiques est un terme utilisé pour décrire les agents qui améliorent la cognition, la mémoire, la créativité ou la motivation. Les substances nootropiques peuvent être aussi courantes que la caféine et la nicotine de tous les jours, des stimulants tels que l’amphétamine et le méthylphénidate, ou de nombreux articles vendus sur ordonnance, dont la lévodopa. Les agents nootropiques peuvent également inclure des plantes, des vitamines et d’autres compléments alimentaires. Le bacopa monnieri est l’une des plus importantes plantes actuelles utilisées pour ses effets nootropiques.

Bacopa monnieri

Le Bacopa monnieri est une herbe bien connue, originaire d’Australie et d’Inde. Si on la trouve couramment comme mauvaise herbe dans les rizières, elle pousse également dans toute l’Asie de l’Est et même aux États-Unis. Elle est utilisée depuis longtemps en médecine ayurvédique dans les domaines de la mémoire et de l’intelligence. La plante entière peut être utilisée comme médicament. Les principaux constituants nootropiques du bacopa seraient des saponines triterpénoïdes appelées bacosides, avec des fragments de jujubogénine ou de pseudo-jujubogénine comme unités aglycones (1). Douze analogues des bacosides, appelés bacopasides I-XII, ont été identifiés (2,3,4). Il y a plusieurs alcaloïdes, dont la brahmine, la nicotine et l’herpestine, ainsi que le D-mannitol, l’apigénine, l’hersaponine, les monnierasides I-III, les cucurbitacines et le plantainoside B. Le constituant le plus étudié et en tant qu’extrait de la plante entière a été le bacoside A.

Alors que de nombreux nootropiques pharmaceutiques peuvent entraîner une dépendance (par exemple, la caféine, la nicotine et les psychostimulants), le bacopa semble nourrir les neurones plutôt que de les épuiser. Historiquement, le bacopa était utilisé par les érudits védiques pour les aider à mémoriser de longs hymnes et écritures, et de nombreux textes anciens font référence à la capacité de la plante à aiguiser l’intellect et à améliorer les déficits mentaux. On la trouve souvent dans de nombreuses préparations ayurvédiques destinées à traiter les dysfonctionnements cognitifs.

Les preuves sont contradictoires quant aux effets du bacopa sur la fonction cognitive, mais il existe des mécanismes possibles d’amélioration cognitive, notamment la modulation de la libération d’acétylcholine, de l’activité de la choline acétylase et de la liaison des récepteurs cholinergiques muscariniques. En laboratoire, le bacopa inhibe l’activité de l’acétylcholinestérase et pourrait également avoir des effets neuroprotecteurs, notamment la capacité de protéger les neurones de la mort cellulaire induite par la bêta-amyloïde.

Au moins six essais humains de haute qualité, randomisés, en double aveugle et contrôlés par placebo ont été menés. Pase et al ont effectué une revue systématique et ont trouvé des preuves que le bacopa pouvait être utilisé comme stimulant de la mémoire, même chez les personnes non atteintes de démence (5). Ces six mêmes études répondaient aux critères d’inclusion finaux et ont été incluses dans l’examen systématique. Tous les essais ont été menés sur 12 semaines et trois extraits de bacopa différents ont été utilisés à des doses de 300 à 450 mg par jour. Tous les essais examinés ont évalué les effets du bacopa sur la mémoire, tandis que les autres tests de fonction cognitive ont été moins bien étudiés. Dans l’ensemble des études, le bacopa a amélioré les performances dans 9 des 17 tests de rappel libre de la mémoire. Il n’y avait aucune preuve réelle d’une quelconque amélioration dans d’autres domaines cognitifs.

Dans une méta-analyse, Neale et al ont comparé les effets nootropiques du Bacopa monnieri à ceux du Panax ginseng et du modafinil (un médicament euphorisant pour l’éveil) (6). L’utilisation chronique du bacopa a produit les effets les plus constants et les plus importants des trois. Le bacopa a montré des effets de taille petite à moyenne pour les tâches d’attention et de traitement de l’information. Des tailles d’effet plus importantes étaient évidentes pour les tâches d’apprentissage verbal auditif, y compris la mémoire différée de paires de mots, le rappel différé de mots, et pour la protection contre l’interférence proactive pendant la mémoire différée. Les tailles d’effet les plus élevées pour les résultats cognitifs étaient de 0,77 pour le modafinil (précision de la mémoire visuospatiale), de 0,86 pour le ginseng (temps de réaction simple) et de 0,95 pour le bacopa (rappel différé de mots). Ces résultats soutiennent l’utilisation du bacopa, en particulier dans les mesures du rappel verbal.

Pour mettre en lumière quelques études individuelles, Stough et al ont mené un essai randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo chez 46 adultes en bonne santé, pour examiner les effets du bacopa sur la fonction cognitive chez des individus en bonne santé, en utilisant un supplément de bacopa de 300 mg/jour standardisé à 55% de bacosides pendant 12 semaines (7). Une batterie de huit tests a été réalisée 5 semaines et 12 semaines après l’administration, et a permis de constater une amélioration significative de la vitesse de traitement des informations visuelles, de la vitesse d’apprentissage, de la consolidation de la mémoire et de l’anxiété d’état par rapport au placebo, les effets maximaux étant évidents après 12 semaines.

Une étude menée à Portland, dans l’Oregon, a évalué les effets de l’extrait sec standardisé de la plante entière Bacopa monnieri sur la fonction cognitive de participants âgés en bonne santé (8). Cet essai clinique randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo avait une période de traitement de 12 semaines. Cinquante-quatre hommes de 65 ans ou plus (moyenne de 73,5 ans) sans démence ont été recrutés et répartis au hasard entre bacopa et placebo; 48 ont terminé l’étude, 24 dans chaque groupe. Les participants ont reçu par voie orale un extrait standardisé de B. monnieri à 300 mg/jour ou un comprimé placebo similaire pendant 12 semaines.

Les participants au bacopa ont obtenu de meilleurs résultats au test d’apprentissage verbal auditif de Rey (AVLT) pour le rappel différé de mots, par rapport au groupe placebo. D’autres mesures cognitives, telles que les résultats de la tâche de Stroop, étaient également significatives, le groupe bacopa s’améliorant et le groupe placebo restant inchangé. Les notes de dépression et d’anxiété ainsi que la fréquence cardiaque ont diminué au fil du temps pour le groupe bacopa mais ont augmenté pour le groupe placebo. Aucun effet n’a été constaté sur le test de l’attention divisée (DAT) et sur le test de la mémoire de travail immédiate par lettres et chiffres de l’échelle d’intelligence pour adultes de Wechsler (WAIS). Dans l’ensemble, l’étude a fourni des preuves supplémentaires que le bacopa pouvait améliorer les performances cognitives des personnes vieillissantes.

Le bacopa a également été étudié chez les enfants pour ses effets sur la cognition et l’apprentissage. Une synthèse systématique publiée en 2017 donne un bon aperçu de la recherche et du potentiel. Neuf essais ont répondu aux critères d’inclusion et cinq études ont rapporté des données suffisantes pour une analyse de la taille de l’effet. La plupart des améliorations rapportées concernaient les résultats comportementaux. Les capacités cognitives et les résultats comportementaux ont été examinés dans six études, la perception visuelle, l’impulsivité et l’attention démontrant les plus grandes améliorations.

Dosages, effets secondaires, toxicité, contre-indications :

Le bacopa a été utilisé en toute sécurité chez les enfants et les adultes dans des études d’une durée allant jusqu’à 6 mois. Les dosages courants vont de 350 à 640 mg/jour; la partie utilisée est la feuille.

Les interactions médicamenteuses qui sont modérées et dont la prudence doit être envisagée sont les suivantes :

• Inhibiteurs de l’acétylcholinastérolase
• Anticholinergiques
• Cholinergiques
• Substrats du cytochrome p450 1A2
• Substrats du cytochrome p450 2C19
• Substrats du cytochrome p450 2C9
• Substrats du cytochrome p450 3A4

Les interactions médicamenteuses mineures comprennent :

• Les hormones thyroïdiennes

Le bacopa semble inhiber l’acétylcholinestérase et pourrait augmenter les niveaux d’acétylcholine et avoir des effets cholinergiques. Il doit donc être utilisé avec prudence chez les personnes souffrant de bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque), d’obstruction gastro-intestinale ou urogénitale, d’ulcère gastroduodénal, d’asthme et de maladie pulmonaire obstructive chronique. La thyroïde pourrait également augmenter les niveaux de thyroxine.

Le bacopa est généralement bien toléré, mais on signale une augmentation de la fréquence des selles, des nausées et des crampes abdominales. Parmi les effets secondaires moins fréquents, citons la sécheresse de la bouche, la fatigue musculaire, les flatulences, les ballonnements, la diminution de l’appétit, les maux de tête, les palpitations, la somnolence, les troubles du sommeil et les rêves vifs.

Références :

1. Sivaramakrishna C. Rao CV. Trimurtulu G. Vanisree M. Subbaraju GV. Triterpenoid glycosides from Bacopa monnieri. Phytochemistry. 2005;66:2719–2728.
2. Chakravarty AK. Sarkar T. Masuda K. Shiojima K. Nakane T. Kawahara N. Bacopaside I and II: two pseudojujubogenin glycosides from Bacopa monniera. Phytochemistry. 2001;58:553–556.
3. Chakravarty A.K. Garai S. Masuda K. Nakane T. Kawahara N. Bacopasides III–V: Three new triterpenoid glycosides from Bacopa monniera. Chem Pharm Bull. 2003;51:215–217.
4. Garai S. Mahato SB. Ohtani K. Yamasaki K. Dammarane-type triterpenoid saponins from Bacopa monniera. Phytochemistry. 1996;42:815–820.
5. Pase MP. Kean J. Sarris J. Neale C. Scholey AB. Stough C. The cognitive-enhancing effects of Bacopa monnieri: A systematic review of randomized, controlled human clinical trials. J Altern Complement Med. 2012;18:1–6
6. Neale C, Camfield D, Reay J, et al. Cognitive effects of two nutraceuticals Ginseng and Bacopa benchmarked against modafinil: a review and comparison of effect sizes. Br J Clin Pharmacol. 2013 Mar;75(3):728-37.
7. Stough C¹,Lloyd J,Clarke J,Downey LA,Hutchison CW,Rodgers T,Nathan PJ.The chronic effects of an extract of Bacopa monniera (Brahmi) on cognitive function in healthy human subjects. Psychopharmacology (Berl). 2015 Jul;232(13):2427.
8. Calabrese C, Gregory W, Leo M, et al. Effects of a standardized Bacopa monnieri extract on cognitive performance, anxiety, and depression in the elderly: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. J Altern Complement Med. 2008 Jul;14(6):707-13.
9. Kean J, Downey L, Stough C. Systematic Overview of Bacopa monnieri (L.) Wettst. Dominant Poly-Herbal Formulas in Children and Adolescents. Medicines 2017; 4(4): 86