L’obésité et le diabète de type 2 sont des problèmes de santé majeurs dans le monde entier. Ces deux pathologies sont complexes et comportent de nombreux facteurs contributifs, notamment l’ingestion persistante de calories excédentaires, la réduction de l’activité quotidienne et de la dépense énergétique, la dysbiose, le dysfonctionnement mitochondrial, la génétique et l’altération des rythmes circadiens. Les faibles niveaux chroniques d’inflammation et le stress oxydatif sont des moteurs communément reconnus de la pathophysiologie.
Conception de l’étude: Dans cet essai randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, soixante hommes obèses (IMC>30kg/m2) atteints de diabète sucré de type 2 (DT2) ont participé à l’étude.
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ont été répartis de manière aléatoire en quatre groupes de quinze : 1) entraînement physique simultané
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3 X semaine plus placebo
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2) supplémentation en safran (1 x 100 mg/jour), 3) entraînement physique concomitant et supplémentation en safran (1X 100mg/jour et 1X 100mg/jour). 4) contrôle, mode de vie régulier sans entraînement ni supplémentation.
Au début et à la fin de l’essai, 12 semaines plus tard, les paramètres suivants ont été mesurés : marqueurs inflammatoires (TNF-α, hs-CRP, IL-6 et IL-1β), composition corporelle (rapport taille-hanches, IMC, pourcentage de graisse corporelle et masse maigre à l’aide d’un appareil d’impédance bioélectrique multifréquence) et profil métabolique (glycémie à jeun, scores du modèle homéostasique de résistance à l’insuline (HOMA-IR) et taux d’HbA1C).
Résultats: Dans les trois groupes d’intervention, on a observé une réduction significative des marqueurs inflammatoires, ainsi qu’une réduction des marqueurs de la glycémie, une augmentation de la concentration d’IL-10 et une amélioration du pourcentage de graisse corporelle par rapport au groupe témoin. En outre, dans les trois groupes d’intervention, il existe une corrélation positive entre les changements du pourcentage de graisse corporelle et les cytokines inflammatoires. Les changements dans toutes les variables étaient significativement plus importants dans le groupe utilisant à la fois le safran et l’entraînement physique que dans le groupe ne prenant que du safran et dans le groupe ne suivant qu’un programme d’exercices.
Les points forts de l’étude sont des critères d’inclusion et d’exclusion stricts, des procédures de mesure soigneusement contrôlées et un protocole d’exercice standardisé et entraîné. En outre, la conception de l’étude comportait quatre bras et était parallèle, ce qui signifie qu’elle pouvait non seulement déterminer les effets du traitement par rapport au contrôle, mais aussi identifier les effets indépendants du traitement obtenus à partir de la seule supplémentation en safran par rapport à l’entraînement à l’exercice seul.
Faiblesses de l’étude : Chaque groupe ne comprenait que 15 personnes, ce qui est suffisant pour obtenir une signification statistique, mais n’est peut-être pas assez important pour détecter l’effet thérapeutique de la supplémentation en safran ou pour être représentatif de la population générale. L’IMC >30kg/m2 était le seul critère d’inclusion pour l’obésité. L’IMC a été récemment reconnu comme une mesure limitée et insuffisante de l’obésité, qui ne doit pas être utilisée de manière isolée 4 . Le contrôle de l’apport alimentaire n’était basé que sur l’apport nutritionnel autodéclaré avant et après l’intervention de 12 semaines ; l’apport alimentaire aurait pu être contrôlé de manière plus précise et plus régulière tout au long de l’essai. Enfin, l’impédance bioélectrique (BIA) a été utilisée pour mesurer la composition corporelle. La BIA peut être un marqueur brut valide et fiable, mais elle présente des limites par rapport aux mesures de référence de la composition corporelle telles que l’absorptiométrie biénergétique à rayons X ou la pesée hydrostatique.
Conclusion :
La supplémentation en safran peut apporter des avantages supplémentaires à l’entraînement physique dans la réduction de l’inflammation et l’amélioration des paramètres métaboliques chez les hommes obèses atteints de DT2. Les résultats de cet essai comparatif randomisé bien conçu, parallèle et prospectif à 4 bras renforcent d’autres études démontrant les avantages significatifs d’une supplémentation en safran sur l’inflammation et les marqueurs de la dysrégulation de la glycémie.
Notes de bas de page :
1 : Le diabète sucré de type 2 a été défini selon les critères de l’American Diabetes Association. Chaque participant devait être atteint de DT2 depuis au moins 2 ans.
2 : L’entraînement physique comprenait des exercices de résistance et d’aérobic 3 fois par semaine et suivait une ligne directrice spécifique selon les recommandations de l’American College of Sports Medicine pour les personnes atteintes de DT2.
3 : Le placebo consistait en 1 comprimé de maltodextrine par jour.
4 : Why BMI is flawed : and how to redefine obesity. https://www.nature.com/articles/d41586-023-03143-x (consulté le 20 octobre 2023).
Référence :
Hooshmand Moghadam B, Rashidlamir A, Attarzadeh Hosseini SR, Gaeini AA, Kaviani M. Les effets du safran (Crocus sativus L.) en conjonction avec un entraînement simultané sur la composition corporelle, l’état glycémique et les marqueurs inflammatoires chez les hommes obèses atteints de diabète de type 2 : A randomized double-blind clinical trial. Br J Clin Pharmacol. 2022 Jul;88(7):3256-3271